jeudi 27 mars 2008

A Anna

Il s'asseyait et ouvrait le journal.
Elle lui disait qu'on ne lit pas à table. Qu'il avait maigri. Comme dans les livres d'images.

Elle tourbillonnait dans la cuisine, au son de sa petite radio. J'entends encore Mort Schuman. Allo papa tango charlie, allo papa tango charlie...

Elle cirait les chaussures de son fils, car personne ne savait le faire mieux qu'elle, avec ses chiffons et son cirage chauffé près du poêle.

L'odeur du cirage, c'est elle.
Et le faux-filet avec du jus.

Le chocolat dans la tasse rose avait un goût perdu à jamais , comme le graal égaré, rêve incarné d'une enfance idéale.

Car l'enfance est toujours idéale et imaginée.
Je voudrais tant revoir cette tasse rose pâle, à la texture granulée.
Un jour, je la porterai à nouveau à mes lèvres, et elle sera là, avec moi, à nouveau, ma grand-mère.
Anna.

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