vendredi 23 mai 2008

Grand Pierre

Quand une goutte de sauce coulait sur son menton, il ne la sentait pas. Odette l'essuyait avec le coin d'une serviette. Un jour, alors que tout était prêt pour son départ à la retraite, il est tombé. Un vaisseau s'était bouché dans sa tête. Il ne s'est relevé que pour quelques mois. La deuxième attaque l'a laissé hémiplégique. C'était un peu notre abbé Faria.

Il marchait avec une canne, ou avec mon bras.
C'était à cause de l'atéro-sclérose. Des cigarettes et du beurre avec le gruyère. C'est ce qu'à cet âge tendre on m'avait appris.

Toute mon enfance a été rythmée des coups de sonnette du médecin, de l'infirmière, du kiné, et du vrombissement de son vélo d'appartement, destiné à maintenir de la vie dans ses muscles.
On faisait le tour de la table dans la grande cuisine, moi, avec lui à mon bras. Il n'était pas bien grand. Mais je ne le dépassais pas, pas encore. Après, il ne se levait presque plus.

Mon frère, ma soeur et moi, aucun de nous trois n'a jamais touché à une cigarette.

jeudi 8 mai 2008

Simili tude